J’avais à peine 10 ans et je rêvais déjà de venir en Afrique, de voir des singes de la fenêtre de ma chambre, de me promener dans des parcs nationaux et d’observer la beauté de la vie et la diversité de la nature. Mes attentes étaient grandes à mon arrivée en Tanzanie; j’aurais pu être déçue… Mais cela n’a vraiment pas été le cas!
Tanzanie
La Tanzanie est le pays numéro un pour les safaris en Afrique. La ville de départ est Arusha, tout près du Kilimanjaro et les tours opérateurs se livrent une féroce compétition pour aller chercher les plus riches touristes qui affluent de partout dans le monde avec leurs dispendieuses caméras et leurs imposants objectifs. Le tourisme de luxe s’est donc développé autour des principaux parcs nationaux et un safari n’est malheureusement pas bon marché. Par contre, lorsqu’on réalise toutes les dépenses encourues, soit l’essence (environ 1,75$ le litre), le véhicule 4X4 indestructible pour attaquer les routes en terre (très) battue, les hotels confortables où nous avons accès à l’eau chaude et au wifi, les nombreux employés qui s’y affairent, les trois repas par jour, en plus des frais d’entrée dans les parcs nationaux et le salaire du guide/chauffeur, on peut comprendre qu’il soit difficile de trouver moins cher que 350$ US/jour/personne pour faire ce genre de voyage.

Nous avons opté pour Good Earth Tours, qui peuvent se targuer d’avoir une excellente réputation et qui offrent des safaris pour différents types de budget. Nous avions un programme de huit jours en safari privé dont deux de prévus pour des activités culturelles et les six autres pour des parcs et réserves du Nord de la Tanzanie.
Safari
Je m’attendais à voir des animaux mais… pas autant que ça! Dans le Tarangire, nous avons eu la chance d’observer un troupeau d’environ 200 éléphants. Ils ont évolué lentement de la lisière de la forêt au loin, jusqu’à nos véhicules, pour finalement traverser la route et se rendre à une rivière de l’autre côté. Ils étaient si nombreux, je ne savais plus où regarder. Les petits courraient derrière leur mère en accrochants leur trompe à la queue de leur parent, les plus massifs donnaient le rythme et la direction de la marche. Parfois, un véhicule passant trop vite sur la route les effrayaient et ils s’immobilisaient alors en levant tous la trompe pour humer l’air dans une sorte de chorégraphie loufoque!

Après le Tarangire, nous nous sommes dirigés vers le Ngorongoro, la plus grande caldera au monde (qui ne s’est pas transformée en lac). Il s’agit donc d’un immense cratère où on y trouve une concentration impressionnante de vie sauvage, des zèbres aux flamands roses, en passant par les gnous, les gazelles, les lions, les rhinocéros noirs, les hyènes, les buffles, les autruches, les éléphants et même les hippos! Nous sommes arrivées sous la pluie mais le ciel s’est graduellement éclairci pour faire place à une scène impressionnante où plus de 25 véhicules se sont agglutinés; des lions avaient tué un buffle probablement tôt ce matin-là et le dévoraient à belles dents, sous le regard fasciné des touristes et la plus grande nonchalance des buffles survivants alentour qui continuaient de brouter l’herbe sans se soucier de la perte de leur confrère!

Le soleil a fait place à plusieurs rencontres fortuites dont le très convoité rhino noir. Nous en avons vu pas un, pas deux mais trois! Quelle chance! Impossible de ne pas être frappé par sa ressemblance avec les dinosaures à cornes. Je me sentais constamment projetée dans un hybride des films Jurassic Park et Le Roi Lion!
Après ces spectacles, je me disais que rien ne pourrait battre cela. Et pourtant, j’ignorais que le moment le plus fort de mon safari était encore à venir…
La Grande Migration

Le paysage montagneux autour du cratère s’est transformé en valons, puis en plaines, au fur et à mesure que notre guide Abdul nous conduisait vers notre prochaine destination, le Ndutu, pour assister à la Grande Migration des gnous.
De décembre à mars se déplacent 1,7 millions de gnous dans le Nord de la Tanzanie et suivent les endroits verdoyants où la nourriture est plus abondante. Avec eux les accompagnent de très nombreux zèbres et gazelles. Dans le soleil couchant d’Afrique, nous avons tenté de voir la fin de ce troupeau autant à notre gauche qu’à notre droite mais il s’étendait au-delà de notre vision. Des plaines emplies de vie sauvage, à perte de vue.
Nous sommes arrivés dans le secteur de notre camp en fin de journée (un campement temporaire qui suit la migration) et avons admiré les gnous se tasser de part et d’autre de notre véhicule qui évoluait difficilement sur les routes crevassées. C’est là que j’ai vue une magnifique hyène, à environ deux mètres du véhicule, lorgner les gnous que nous étions en train de chasser et nous lancer un regard mauvais en coin, le dos courbé et le pelage souillé de boue. Je l’ai tout de suite adorée!

Nous avons dormi au son des gnous et des hyènes plus ou moins loin de notre tente! Nous avons pris la route tôt le matin suivant pour aller voir ce que le parc du Ndutu nous réservait. Notre première trouvaille a été une meute de lions profondément endormis qui se laissaient mater avec la plus grande indifférence, malgré la proximité déconcertante des véhicules. Le roi lion ne s’est pas montré dans sa plus féroce magnificence mais il est beau même lorsqu’il dort!
Les hyènes
Nous avons repris notre chemin et un vautour a attiré l’attention d’Abdul. Il était barbouillé de sang et notre chauffeur a entrepris de trouver la carcasse responsable! À quelques mètres au-delà d’un acacias se trouvait une trentaine de vautours et quelques marabouts d’Afrique où un gnou était bien entamé. J’ai vu dans les herbes hautes au loin des ombres s’approcher en zigzaguant. Les hyènes peuvent sentir la nourriture à plusieurs kilomètres. Une téméraire s’est approchée d’un pas décidé et les vautours se sont tous éloignés pour lui céder la carcasse. Elle a entrepris de découper la peau comme une couturière tailladerait un morceau de tissu, puis elle s’est attaqué aux os, dans un son sec et caverneux.

Les hyènes ont les plus puissantes mâchoires chez les mammifères. Pour vous donner une idée, le loup peut générer 150kg de pression par cm², alors que l’homme en déploie entre 15 à 20kg. Les hyènes pour leur part, ont une puissance de 3 tonnes (3000kg) dans la mâchoire, pouvant broyer même un fémur d’éléphant!
Une maman s’est aussi approchée avec son petit et ont poursuivi le festin. Les hyènes vivent en société matriarcale et les mâles mangent après les femelles. C’est peut-être pour cette raison qu’elle m’ont tant plut! Nous avons observé longuement la scène, les écoutant pousser leur fameux rire et guettant les autres hyènes, plus loin dans les herbes, qui n’osaient pas s’approcher, peut-être à cause de tous les véhicules stationnés à quelques mètres de leur buffet, ou à cause de la dominance des membres du clan qui étaient en train de manger la carcasse.

«Allons trouver le guépard» a annoncé Abdul, et comme si le scénario avait été écrit pour nous, environ dix minutes plus tard, nous avions repéré deux frères guépards qui marchaient lentement en jetant sporadiquement des regards blasés aux véhicules qui se tenaient en retrait. Après s’être approchés nonchalamment du troupeau de gnous, ils ont déclenché une attaque un peu molle qui s’est malheureusement soldé en échec! Le spectacle en était pas moins impressionnant. Je ne m’attendais pas à voir le mammifère le plus rapide du monde en action.
Tribu
Nous avons terminé notre séjour près du lac Eyasi où se trouvent les Hadza, une tribu qui vit de la même façon depuis toujours et qui n’a aucune envie de s’occidentaliser, comme c’est de plus en plus le cas avec les Masaaï par exemple.
Nous étions accompagnés d’un traducteur étant donné qu’ils parlent le langage clic. Je m’attendais à un truc super touristique et un peu dénué d’intérêt alors j’ai été immédiatement surprise de les trouver à l’abri de quelques arbres, en train d’allumer un feu en frottant du bois entre leurs mains, comme les hommes des cavernes! Ils étaient tous recouverts de peaux de babouins, et affinaient leurs flèches et leurs arcs avant de partir à la chasse, comme ils font à tous les matins, pour trouver de la nourriture pour la tribu.

Un cri d’un membre a retenti au loin et ils se sont tous levés d’un bond et sont partis à la course, leurs armes rudimentaires à la main. Nous les avons suivis, accompagnés de leurs quinze chiens, pour constater qu’ils avaient repéré deux écureuils dans un arbre. Cela a marqué le début de la chasse qui a duré quelques heures, sous le soleil de plus en plus torride d’Afrique. Ils ont réussi à capturer quatre oiseaux de petites tailles qui leur fera un très sobre repas, et ont entaillé un arbre qui contenait une ruche faite par de minuscules abeilles qui n’ont pas de dard. Ils nous ont invités à goûter le miel, qui fourmillait de petites abeilles. Jérôme et moi avons trié avec dédain le contenu avant de se servir une infime portion, puis ils ont plongé leurs doigts dans le liquide collant sans aucune retenue, révélant de grosses larves dans les alvéoles avant d’avaler tout rond!
Une autre culture…!
Nous sommes revenus aux petites huttes où les femmes attendaient avec les enfants, et les chasseurs ont immédiatement embroché les oiseaux pour les faire cuire. Nous avons ensuite eu droit et à un chant et une danse traditionnelle à laquelle j’ai prise part en me sentant totalement ridicule! Le chef de la tribu s’est entêté à nous faire prononcer son nom qui est un hybride entre des onomatopées et des sons de cliques de langue, qui demandent probablement plusieurs mois de pratique! Cela l’a grandement amusé! Une rencontre que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Toute bonne chose a une fin
Ces huit jours ont passé beaucoup trop vite. Chaque journée était rempli de paysages à couper le souffle truffés d’animaux exotiques et de scènes spectaculaires. La nature est magnifique et tout est en symbiose, en équilibre. Je me suis demandée longuement où était la place de l’humain dans ce cycle apparemment parfait. Je n’ai toujours pas trouvé la réponse…
Quelle belle aventure! Et merci de la partager avec nous. Ai bien hâte de lire la suite de votre périple! En attendant, gros gros bisous!
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Que c’est bien décrit ….j’ai un peu voyagé à travers ce texte ! Les photos sont aussi magnifiques 😍
Merci beaucoup de ce beau partage 😊
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Merci de me lire Edith! 🙂
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