Il est 7h58 à l’heure de Bangkok, nous sommes à 30 kilomètres sous le niveau de la mer et deux plaques tectoniques sur une faille de subduction cèdent à une énorme pression, libérant l’énergie de 30 000 bombes atomiques de Hiroshima et soulevant le sol jusqu’à 20 mètres en certains endroits (l’équivalent de 200 ans de transformation naturelle) sur une longueur de 1200 kilomètres. L’onde de choc est immense et voyage à une vitesse allant jusqu’à 800 km/h dans l’eau. Sur l’océan, le raz-de-marée est à peine perceptible mais plus il approche des côtes, plus il perd en vitesse et gagne en hauteur.
Dans le Nord de l’île de Sumatra, la terre tremble pendant plus d’une minute et des bruits de détonation se font entendre. Les oiseaux et les chiens quittent en masse vers l’intérieur des terres…
40 minutes après le 4e plus grand tremblement de terre jamais enregistré (9,1 sur l’échelle de Richter), la province d’Aceh en Indonésie, tout près de l’épicentre, est touchée par le premier tsunami, atteignant jusqu’à 30 mètres.
Puis, c’est la Thaïlande qui est la deuxième victime. À Koh Lanta, sans que personne ne comprenne vraiment quoi que ce soit, l’océan se retire, comme une soudaine marée basse. Le niveau de la mer baisse de près de 5 mètres. Les touristes observent la scène sans trop s’alarmer. Ils ont à peine perçu le tremblement de terre et ne saisissent pas le danger d’une telle situation. Puis soudainement, au loin, ils aperçoivent une vague. Difficile de distinguer la hauteur, de si loin, mais elle s’étend à perte de vue à l’horizon. Puis plus elle approche du rivage, plus sa hauteur devient claire. Elle engloutit les bateaux ancrés au large et c’est à ce moment que les touristes, jusqu’alors observateurs, deviennent en état d’alerte. Fasse à la rapidité de cette vague, il est inutile de courir. Le seul espoir de s’en sortir est de se réfugier en hauteur. Le problème, c’est que rares sont les habitations à plusieurs étages en bord de plage, sauf les grands hôtels. C’est souvent des huttes avec des toits en paille ou des petits bungalows en bambou et les constructions ne sont pas robustes. La vague fonce à pleine vitesse dans les restaurants et les hôtels de ce paradis terrestre. C’est si surnaturel. En l’espace de quelques minutes ce matin du 26 décembre 2004, les vagues du tsunami déferlent sur la côte ouest de la Thaïlande et ravagent tout sur leur passage. Les familles sont séparées et happées, les couples sont emportées par les flots, les inconnus s’entraident et chacun tente de sauver sa peau. Cette journée ensoleillée ne laissait jamais présager une telle catastrophe naturelle…
Assise sur le bord de la mer, plus de 10 ans après cette tragédie, j’observe la ligne d’horizon et je me dis que le scénario pourrait très bien se reproduire encore. Il fait beau, les enfants jouent dans le sable, les parents les surveillent en lisant un livre distraitement, les filles se font bronzer et les moins endurants restent dans la mer, pour apaiser temporairement la chaleur cuisante de la Thaïlande. Je me demande où je me réfugierais si je voyais une grosse vague se former au loin et je constate qu’il n’y a pas vraiment d’issue. Les habitations ne sont pas faites en hauteur à l’endroit où je me trouve… Pas étonnant que tant de gens y aient laisser leur vie.
Le bilan est terrible, plus de 230 000 morts et un demi-million de blessés. La planète entière est choquée par cette nouvelle et être présentement dans cet endroit du monde me touche. La force de notre Terre est toujours fascinante et parfois terrifiante. Il importe de la traiter avec respect. Et si nous vivions en meilleure harmonie avec elle, comme nos ancêtres, peut-être qu’à l’instar des animaux qui ont su repérer les signes précurseurs du danger, nous pourrions éviter de telles catastrophes ou du moins les prévenir… La grande tragédie dans l’histoire du Tsunami du Boxing Day, c’est que personne n’a su le prévenir et le nombre de victimes est accablant. La ceinture de feu est toujours très active et ce phénomène se reproduira immanquablement à l’avenir. Espérons qu’à ce moment, le temps de réaction sera meilleur et d’ici là, continuons de profiter de ces paradis terrestres en honorant ceux qui y ont laissé leur vie et en respectant la puissance de notre belle planète.
Si vous ne l’avez pas vu, je vous conseille de regarder ce vidéo-documentaire contenant principalement des images filmées par des témoins du Tsunami. C’est très émouvant.
https://www.youtube.com/watch?v=qhjhTOkWeX0
À bientôt!