Je suis déjà installée dans la salle de méditation. Ce matin, les nuages ont fait place au beau temps. Je repense à ma discussion avec Marie-France et Jacynthe hier pendant que nous faisions la vaisselle. Deux belles personnes, pleines d’humour.
Ce qui m’habite ce matin, c’est à quel point je suis dure avec moi-même.
– Qu’est-ce qui t’amène ici? M’a demandé Marie-France.
Une rupture. Comme c’est cliché. Il m’a trompée, je l’aimais tant… Comme c’est cliché, ça aussi. Pourtant, il n’y avait aucun jugement dans leurs yeux. Que de l’empathie. Je suis la seule à me juger ici. Il serait temps que je change ça… Ma sœur me répète souvent ces temps-ci : «Aie de la compassion pour toi-même. Sois ta meilleure amie.» Elle a raison.
Lama commence à parler et nous prenons place pour la première méditation du matin.
La méditation. Il y a une infinité de possibilités de comment méditer. Dans le bouddhisme, il y a autant d’approches que de branches à la religion. Certains prônent la position du lotus avec les paumes tournées vers le ciel sur les genoux, les yeux fermés, d’autres les yeux ouverts le regard fixé droit devant soi, d’autres fixent un objet comme une statue du Bouddha… La position que j’adopte cette semaine est assise en indien (woh! Le lotus, je ne suis pas contorsionniste!), la main droite dans la main gauche, paumes vers le haut et pouces se touchant pour faire un rond qui permet la circulation de l’énergie. Je préfère fermer les yeux même si Lama médite les yeux mi-clos. Et s’ensuit la partie complexe de la méditation. Méditer. Parce que s’asseoir, c’est pas trop compliqué. Mais maîtriser son mental, ça c’est une autre histoire!
Je pense à un million de trucs qui n’ont absolument rien de spirituel. «C’était bon ce qu’on a mangé hier soir, je devrais demander la recette à Julie, crime du tofu bien apprêté c’est pas si pire finalement, c’est les perséides en ce moment, si le ciel peut rester dégagé, on va peut-être réussir à les voir ce soir… HEYE! Médite! Ah! Oui, oui! Je médite… Je ne pense à rien… Ben oui tu penses, tu viens de penser que tu ne penses à rien. Wow! Le cerveau n’arrête jamais! Comment ils font pour atteindre le Nirvana? »
Après une première séance de méditation complètement ratée à penser à plein de balivernes plus futiles les unes que les autres, je suis contente qu’Antoine pose la question : comment on fait pour ne pas se perdre dans nos pensées?
Ce que je retiens de la réponse de Lama, ce sont les trucs. Il y en a une panoplie pour garder son focus, comme mettre son attention sur un objet tel que mentionné plus tôt, ou imaginer dans sa tête un objet (une flamme par exemple). Mon approche préférée demeure me concentrer sur ma respiration. Je respire sur le compte de 1 et expire sur le même compte, puis inspire sur le compte de 2 et ainsi de suite. C’est comme marcher en équilibre sur un fil. Je lève doucement le pied, le dépose sur le fil, le place solidement, transfère mon poids puis lève l’autre pied, pour l’amener devant, etc. Tout mettre mon attention sur ma respiration et tenter de calmer mon mental me donne vraiment l’impression de réapprendre à marcher.
Et il y a une voix dans ma tête qui NE VEUT PAS SE TAIRE!!!!
C’est assez incroyable qu’on soit à l’école depuis qu’on a 5 ans, qu’on nous enseigne l’algèbre, l’anglais, le français, l’histoire, la géographie, les pierres ponces, le Bouclier Canadien et les Algonkins mais jamais on a cru bon nous enseigner comment maitriser notre mental. Il me semble que c’est pas mal la base de la vie.
Alors la «société» s’en est chargée en nous programmant avec des messages publicitaires, des émissions sans contenu, des images suggestives dans les magazines, les boutiques, le métro. Notre cerveau est drillé comme un bon p’tit soldat à marcher en rang et à ne pas penser par lui-même. Si on n’apprend pas à diriger nous même nos pensées, sois certaine Internette que quelqu’un le fera à notre place. Il m’apparaît alors impératif que je reprenne le contrôle sur mes pensées.
Deux jours plus tôt, je suis arrivée au Centre dans un état de stress permanent, en recherche de paix et de douceur. Je dois reconnaitre que la simple présence de Lama a quelque chose de guérisseur. Je me sens beaucoup mieux. Et je ne veux pas que tu penses que je suis une groupie ou une adepte d’un genre de gourou. Je pense vraiment que quelqu’un qui est aussi heureux et qui a une si bonne vibration énergétique peut guérir et apaiser les gens autour de lui. Il a toujours un éclat de rire au bord des lèvres. Ce que j’aime d’une personne comme Lama c’est qu’il est un modèle. Il nous dit à chacun que c’est possible de vivre sa vie comme cela. Il s’agit d’un choix et d’une discipline. Bonheur = habitude de vie. Nous pouvons tous arriver à le cultiver.
Au souper, je discute avec Julie. Je me surprends à l’apprécier de plus en plus. Elle s’accepte totalement comme elle est, dans toute la splendeur de sa différence. Je suis honteuse de l’avoir jugée. C’est incroyable ce que le jugement crée comme barrière. Que ce soit par rapport aux autres ou par rapport à soi-même, le ravin qu’il creuse nous prive de bien belles choses… Jugement = Insécurité et distance. Je le proscris de ma vie!
Comment on change des mauvaises habitudes? Voici la recette : d’abord en prendre conscience; ensuite, cesser de lutter et accepter qu’elles sont là; puis finalement, chaque fois qu’on fait ce qu’on désire changer, se prendre en flagrant délit, s’arrêter et tenter une approche différente, positive. Puis répéter aussi souvent que nécessaire pour implanter la bonne habitude. Cela nécessite plusieurs répétitions donc la patience est de mise!
Le changement ne viendra jamais de l’extérieur et la vie aura toujours ses irritants. Il n’appartient qu’à moi de changer ma perception des choses.